Un attentat suicide a visé dimanche la cathédrale de Makassar, dans l’est de l’Indonésie, faisant au moins 20 blessés, le chef de l’Etat dénonçant cette nouvelle attaque contre une église dans le pays à majorité musulmane.
Les deux assaillants à l’origine de la puissante explosion ont été tués alors qu’ils pénétraient à moto dans l’enceinte de l’église de la ville de Makassar, sur l’île de Sulawesi, ont indiqué les autorités.
L’attaque était bien « un attentat suicide », a confirmé le ministre coordinateur de la Sécurité Mahfud MD.
L’extérieur de l’édifice du sud de l’île de Célèbes était jonché de morceaux de corps humains à la suite de la puissante déflagration qui s’est produite vers 10H30 (03H30 GMT).
L’« acte de terreur »
L’attaque, qualifiée d’« acte de terreur » par le président du pays Joko Widodo, s’est produite après la messe des Rameaux dans ce pays à majorité musulmane le plus peuplé au monde où les églises ont, par le passé, déjà été la cible d’extrémistes.
« Le terrorisme est un crime contre l’humanité », a déclaré le chef de l’Etat. « J’appelle tout le monde à se battre contre le terrorisme et le radicalisme, qui sont contraires aux valeurs religieuses. »
« Deux personnes circulaient à moto quand l’explosion s’est produite au principal portail de l’église, les assaillants tentaient d’entrer dans le périmètre de l’église », a précisé le porte-parole de la police nationale Argo Yuwono.
« Il y a beaucoup de lambeaux de corps humains près de l’église et aussi dans la rue », a déclaré de son côté Mohammad Ramdhan, le maire de cette ville portuaire de 1,5 million d’habitants.
Dimanche des Rameaux
La police a affirmé qu’un agent de sécurité avait tenté d’empêcher la moto d’entrer dans le périmètre de la cathédrale du Sacré-Coeur-de-Jésus, siège de l’archidiocèse de Makassar juste avant la déflagration.
Le dimanche des Rameaux marque l’entrée de Jésus Christ dans Jérusalem, selon la tradition chrétienne, au début de la Semaine Sainte conduisant à Pâques.
« Nous avions terminé la messe et les gens rentraient chez eux quand cela s’est produit », a déclaré aux journalistes le prêtre Wilhelmus Tulak.
De nombreux véhicules étaient endommagés près du complexe de la cathédrale, autour duquel la police établissait un cordon de sécurité, selon un photographe de l’AFP sur place.
Inquiétude pour la coexistence religieuse
La tradition de tolérance de l’Indonésie a été mise à l’épreuve ces dernières années par le développement de courants islamiques conservateurs, voire extrémistes, et les minorités religieuses, chrétiennes mais aussi bouddhistes et hindoues s’inquiètent pour la coexistence religieuse.
Plus de 200 personnes avaient péri en 2002 dans des attentats sur l’île de Bali, qui ont été attribués à l’organisation islamiste indonésienne Jemaah Islamiyah (JI).
En mai 2018, une famille de six personnes, dont quatre enfants, avait déclenché des bombes contre trois églises de Surabaya, la deuxième ville du pays, tuant plus d’une dizaine de fidèles.
Le même jour une deuxième famille avait actionné, apparemment par accident, une bombe dans un appartement et le jour suivant une troisième avait commis une attaque suicide contre un poste de police.
Ces attentats, qui avaient fait au total 15 victimes et 13 morts chez les assaillants, dont cinq enfants, avaient été les plus meurtriers en plus d’une décennie dans l’archipel.
Les trois familles radicalisées étaient liées au mouvement radical Jamaah Ansharut Daulah (JAD), qui soutient le groupe Etat islamique (EI) et les attaques avaient été revendiquées par l’EI.
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