Du 5 au 10 novembre 2018, Shanghai accueille la première exposition internationale, un salon non pas pour exporter, comme c’est habituellement le cas, mais, au contraire, pour favoriser les importations. Ceci devant un parterre de dirigeants mondiaux réunis au tout premier Salon des importations de Shanghai, le président chinois a assuré que son pays allait « augmenter ses efforts » pour ouvrir son marché, accroître ses achats à l’étranger, faciliter les formalités douanières et combattre la contrefaçon, mais sans annoncer de grandes mesures concrètes. Les dirigeants mondiaux connaissent ces paroles creusent qui ne veulent rien dire !
Sans nommer les Etats, le président chinois a dénoncé tour à tour « protectionnisme » et « isolationnisme » et estimé que tous les pays devraient balayer devant leur porte. Ce que la Chine peut faire également …. « Ils ne devraient pas montrer les autres du doigt pour faire oublier leurs propres problèmes », a martelé l’homme fort du régime communiste. « Ils ne devraient pas se promener avec une lampe torche dirigée vers les défauts des autres sans éclairer les leurs ».
Alors que la moitié environ des importations chinoises aux Etats-Unis sont déjà soumises à ces sanctions, Donald Trump a menacé de frapper la totalité des produits chinois et l’administration Trump n’est pas représentée à la foire de Shanghai. MM. Trump et Xi devraient toutefois se rencontrer en face-à-face à la fin du mois en marge d’un sommet international en Argentine, un rendez-vous qui suscite l’espoir d’un apaisement des tensions commerciales.
Mais la réussite phénoménale du commerce chinois suscite aussi des critiques en dehors des Etats-Unis. Prenant la parole après Xi Jinping, le président du Kenya Uhuru Kenyatta a rappelé que le commerce entre son pays et la Chine avait été multiplié par près de huit en l’espace de 10 ans, reflet des investissements colossaux de Pékin en Afrique. « Ce commerce est cependant lourdement déséquilibré en faveur de la Chine. Il est donc important que nous corrigions ce déséquilibre afin de parvenir à un partage équitable des fruits du commerce », a-t-il lancé.
Dans le collimateur de nombreux acteurs étrangers : le soutien accordé traditionnellement par Pékin aux entreprises publiques aux dépens des entrepreneurs privés et étrangers.
« Il reste de la marge pour réformer davantage le marché intérieur en Chine, ce qui contribuerait à renforcer le système commercial mondial, et pour adopter des réformes qui aideraient à libérer le potentiel entier de tant d’entreprises du secteur privé », a suggéré dans son discours la patronne du Fonds monétaire international, Christine Lagarde.
Plus de 3.000 entreprises de 130 pays sont présentes au salon de Shanghai, dont plusieurs géants américains comme General Motors, Ford, Walmart ou Tesla. Mais les représentants des entrepreneurs étrangers ont fait part de leur déception à l’égard du discours du président chinois. « On n’a rien entendu qui n’ait déjà été dit par le passé », mise à part une mention de l’ouverture des secteurs de l’éducation et des services médicaux, a regretté le vice-président de la Chambre de commerce européenne en Chine, Carlo Diego D’Andrea.
« A présent qu’elle est la deuxième économie mondiale, la Chine pourrait se permettre d’ouvrir grand la porte », a estimé le président de la Chambre de commerce américaine à Shanghai, Kenneth Jarrett.
Réglementations obscures, bureaucratie, discriminations face aux groupes étatiques chinois, protection toute relative de la propriété intellectuelle : entreprises et gouvernements étrangers se plaignent régulièrement des barrières qu’ils rencontrent en Chine. Le pays pointe au 59e rang des 62 Etats étudiés par l’OCDE pour leur ouverture aux investissements étrangers.
D.C avec AFP
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