La police pakistanaise a arrêté le chef du Tehreek-e-Labaik Pakistan (TLP) et plus de 300 membres de ce parti islamiste, qui a paralysé le pays pendant trois jours après l’annonce de l’acquittement d’Asia Bibi, a-t-on appris samedi de sources concordantes. Le chef du TLP « Khadim Hussain Rizvi a été placé en garde à vue par la police et a été transféré dans une maison », a tweeté le ministre pakistanais de l’Information Fawad Chaudhry. Cette mesure vise à « protéger la vie publique, les biens et l’ordre public et n’a rien à voir avec l’affaire Asia Bibi ».
Le TLP « insistait » pour manifester dimanche à Rawalpindi, ville-garnison accolée à Islamabad, « refusant les propositions alternatives du gouvernement » et « commençant à provoquer de la violence », a expliqué M. Chaudhry, qui appelé ses partisans à rester « pacifiques et calmes ». La détention de Rizvi doit durer trente jours, selon un avis du gouvernement du Pendjab, dont le TLP et lui-même sont originaires. Des informations « crédibles » indiquent que le religieux créerait des troubles à l’ordre public, justifie cet avis, dont l’AFP a eu copie.
Plus de 300 membres du TLP ont été arrêtés depuis vendredi soir, a indiqué à l’AFP Fayyaz ul Hassan Chohan, le ministre de l’Information du Pendjab, un chiffre confirmé par plusieurs sources policières. « Nous arrêtons les soutiens du TLP partout dans la province pour éviter une réaction hostile après l’arrestation de leurs leaders », a-t-il déclaré. La police a été déployée dans les principales villes de la province pour « éviter un quelconque incident fâcheux » et « tout rassemblement politique » est interdit.
Rizvi et le TLP ont été à l’origine de manifestations qui ont paralysé le Pakistan trois jours durant après l’annonce fin octobre de l’acquittement d’Asia Bibi, une chrétienne condamnée en 2010 à la peine de mort pour blasphème. Le TLP avait appelé à assassiner les juges de la Cour suprême ayant pris cette décision ainsi qu’à des mutineries dans l’armée. Le gouvernement avait mis un terme à leur mouvement en signant un accord controversé avec eux, dans lequel il s’était notamment engagé à lancer une procédure visant à interdire à Asia Bibi de quitter le territoire et à ne pas s’opposer à un recours contre le verdict déposé par un religieux.
Alors qu’Asia Bibi est officiellement libérée, mais maintenue au secret en attendant la décision judiciaire, le TLP a appelé à manifester si elle était autorisée à quitter le Pakistan. L’affaire Asia Bibi divise fortement le Pakistan, pays musulman très conservateur où le blasphème est un sujet extrêmement sensible. Des accusations suffisent à provoquer des lynchages. Mme Bibi, ouvrière agricole chrétienne d’une cinquantaine d’années et mère de famille, avait été condamnée à mort pour blasphème à la suite d’une dispute avec des villageoises musulmanes au sujet d’un verre d’eau. Son cas avait ému la communauté internationale, attirant l’attention des papes Benoît XVI et François. L’une de ses filles a rencontré ce dernier à deux reprises.
D.C avec AFP
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