Dans une très rare prise de parole publique, le président du tribunal de Marseille a appelé lundi à « la mesure » après les propos du patron de la police qui a estimé qu’un policier n’avait « pas sa place en prison avant un éventuel procès ».
Soulignant que « l’indépendance de la justice est un principe constitutionnel », Olivier Leurent appelle dans un communiqué « à la mesure afin que l’institution judiciaire puisse poursuivre les investigations indispensables à l’enquête à l’abri des pressions et en toute impartialité ».
Olivier Leurent, Président du tribunal judiciaire de Marseille. pic.twitter.com/pRJxP3LCnZ
— Youssef Badr (@Youss_Badr) July 24, 2023
Soupçonnés d’avoir roué de coups un jeune homme en marge des émeutes début juillet dans la deuxième ville de France, quatre fonctionnaires de la brigade anticriminalité ont été mis en examen dans la nuit de jeudi à vendredi. L’un d’eux a été placé en détention provisoire, une décision qui a suscité la colère des syndicats et un mouvement de protestation au sein des commissariats marseillais notamment.
« La décision contestée a été prise par un magistrat indépendant, à l’issue d’un débat contradictoire au cours duquel chacune des parties a pu s’exprimer librement », insiste le président du tribunal. Il précise au passage que le policier a fait appel de son incarcération et que la chambre de l’instruction de la Cour d’appel d’Aix-en-Provence statuera « prochainement ». « Dans l’attente, il est de la responsabilité de chacun de garantir la sérénité du cours de la justice », insiste Olivier Leurent.
La victime, Hedi, un jeune homme de 21 ans, a expliqué avoir été passé à tabac par un groupe de quatre à cinq personnes qu’il avait identifiées comme des policiers de la Bac, après avoir reçu un tir de LBD dans la tempe.
« Nul en République n’est au-dessus de la loi »
Le président de la République, Emmanuel Macron, a de son côté affirmé lundi comprendre « l’émotion » des policiers. Rappelant que « nul en République n’était au-dessus de la loi », le président de la République a toutefois refusé de commenter les déclarations de Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale (DGPN).
Ce dernier avait dit dimanche soir souhaiter la libération du policier de la BAC de Marseille. « Le savoir en prison m’empêche de dormir », avait déclaré Frédéric Veaux, dans un entretien au Parisien-Aujourd’hui en France, ajoutant : « De façon générale, je considère qu’avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison, même s’il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail. »
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