Les 90 futurs directeurs départementaux de la police nationale (DDPN), qui constituent le cœur de la réforme très contestée de la police engagée par Gérald Darmanin, ont été officiellement nommés mercredi, selon un télégramme du ministère de l’Intérieur consulté samedi par l’AFP.
Ces DDPN, dépendants du préfet, doivent prendre leur fonction en septembre. Ils auront autorité sur tous les services de police de leur département (renseignement, sécurité publique, police aux frontières, police judiciaire) avec notamment pour objectif de mettre fin au fonctionnement de la police nationale en « tuyaux d’orgue », jugé inefficace par l’Intérieur.
Leur désignation était scrutée par les opposants à cette réforme, notamment de nombreux policiers de la PJ, qui voient dans cette unité de commandement la primauté accordée à la sécurité publique au détriment des enquêtes judiciaires, ainsi que le poids croissant du préfet dans les enquêtes.
Au total, seuls sept des 90 DDPN nommés occupaient précédemment un poste en police judiciaire. Parmi eux, figurent notamment l’actuel patron de la sous-direction anti-terroriste (Sdat) Frédéric Doidy, partant pour le Val d’Oise, ou le directeur zonal de la PJ de Rennes, nommé dans le Var.
L’écrasante majorité des nouveaux directeurs (78) travaillaient en sécurité publique, tandis que la police aux frontières (4 postes) et le renseignement territorial (1 poste) se partagent le reste. « On ne peut pas dire que la PJ est maltraitée », souligne auprès de l’AFP le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, qui estime avoir bâti une liste « équilibrée ».
« Tous ont dû faire allégeance à la réforme »
« Beaucoup de DDPN, dont le dernier poste est en sécurité publique, ont fait une grande partie de leur carrière en PJ », souligne-t-il, citant le futur directeur des Alpes-Maritimes, passé par la PJ de Nice, Bastia et Ajaccio.
Sur le faible nombre de femmes (12 sur 90), le DGPN avance le frein de la « mobilité géographique » pour plusieurs candidates.
« C’est une OPA hostile de la sécurité publique sur l’ensemble des services de la police nationale », dénonce à l’AFP l’Association nationale de la police judiciaire (ANPJ), créée à l’été 2022 pour organiser la riposte. « Tout cela indique un choix de politique de sécurité tourné vers l’ordre et la paix publique, au détriment du judiciaire », ajoute-t-on de même source.
Les nommés « ont tous dû faire allégeance à la réforme, dont le faible nombre de pjistes », constate, amer, un commissaire de police judiciaire.
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