En grande difficulté depuis la crise sanitaire, Courtepaille, enseigne « steak house » au toit rouge et à la clientèle familiale, devrait subsister grâce à une décision sur une offre de reprise attendue mardi, laissant toutefois sur le carreau une grande partie des salariés.
Le tribunal de commerce de Nanterre, qui avait placé l’entreprise en redressement judiciaire en mars, doit se prononcer sur les offres de reprise de Courtepaille, qui compte aujourd’hui 144 restaurants exploités en propre, dont 71 en franchise, et emploie 2039 salariés – dont environ 500 en franchise.
Le groupe de restaurants La Boucherie a été le seul à déposer une offre, considérée comme solide. Elle porte sur la marque Courtepaille, qui devrait donc perdurer, ainsi que sur les 71 établissements franchisés et 10 fonds de commerce, ce qui représente 158 salariés au total, selon une source proche du dossier. Née en 1974 avec l’ouverture à Megève d’un premier restaurant au décor de boucherie traditionnelle, l’enseigne La Boucherie compte de son côté 130 franchisés en France et affiche un chiffre d’affaires de 8,8 millions d’euros.
1500 salariés sur le carreau
Parallèlement à la proposition de La Boucherie, d’autres offres de reprise partielle ont été déposées concernant moins d’une dizaine de restaurants en gestion directe sur 144, ce qui laisserait plus de 1500 salariés sur le carreau, selon plusieurs sources. Certaines émanent de salariés de l’enseigne, pour des établissements situés à Gonesse, Saint-Brice-sous-Forêt (tous deux dans le Val-d’Oise) Rennes-Pacé (Ille-et-Vilaine), ou de franchisés à Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne) et Ormesson (Val-de-Marne).
De son côté, le propriétaire actuel de Courtepaille, Napaqaro – qui appartient lui-même au fonds TDR –, a proposé de reclasser 512 salariés au sein de ses autres enseignes, Buffalo Grill et Popeyes. Près de trois ans plus tôt, en septembre 2020, l’enseigne de restaurants de grillades à l’image un peu surannée – décor rustique, feu de bois et casseroles en cuivre… – déjà en redressement judiciaire, avait été reprise au fonds britannique ICG par Napaqaro, pour 17 millions d’euros. L’offre de ce dernier, mieux disante au plan social, avait été préférée à celle de Groupe Bertrand (Burger King, Hippopotamus, Léon, Au bureau…), numéro deux de la restauration en France.
Porté par Jocelyn Olive, alors à la tête de Napaqaro – débarqué par la suite – le projet de reprise prévoyait d’investir pour moderniser l’enseigne et son réseau et de renouveler son concept afin de relancer la fréquentation. Mais cette relance n’a pu être impulsée : confrontée à de « graves difficultés économiques et financières provoquées par la crise Covid-19 », qui se sont ensuite « aggravées », a expliqué Napaqaro, Courtepaille a dû se placer à nouveau en redressement judiciaire en mars 2022.
« En manque de main-d’œuvre »
Mise en difficulté par les longues périodes de fermeture du service en salle pendant la crise sanitaire, puis par le boom des livraisons à domicile et la généralisation du télétravail, l’enseigne familiale n’a jamais retrouvé son niveau de fréquentation d’avant-Covid-19 : il était encore en repli de 25% en 2022, comparé à 2019. En outre « beaucoup de salariés ont quitté l’entreprise » pendant la crise sanitaire, laissant Courtepaille « en manque de main-d’œuvre : les prestations n’étaient pas effectuées correctement, ce qui a accéléré notre chute », estime Pascal Zoublir, délégué CGT de l’entreprise.
« Nous avons alerté sur la gestion, l’embauche, les salaires qui étaient trop bas, les conditions de travail », dit-il à l’AFP. « Et la clientèle n’adhérait pas aux tests que faisait la direction : ils ont enlevé les légumes, le poisson pour faire du poulet rôti… ça a été une catastrophe », ajoute-t-il. Puis Courtepaille a souffert de la flambée de l’inflation qui a renchéri les coûts d’approvisionnement et des matières premières et a contraint sa clientèle, des familles au budget serré, à faire des arbitrages dans sa consommation.
Née en 1961 et florissante dans les années 1970-1980, l’enseigne de restaurants souvent implantés au bord des autoroutes et parfois assez isolés, réalisait encore avant la crise sanitaire un chiffre d’affaires annuel de 190 millions d’euros dans 278 restaurants, employant 4000 salariés.
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