« Le président Emmanuel Macron n’aurait pas dû concéder la Légion d’honneur à un chef d’État qui s’est objectivement rendu complice d’atroces criminels », déclare Corrado Augias.
Le 13 décembre, le journaliste et écrivain italien Corrado Augias a annoncé dans une lettre publiée dans le quotidien La Repubblica qu’il allait restituer sa Légion d’honneur en signe de protestation à celle accordée au président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qualifié de « complice d’atroces criminels ».
« À mon avis, le président Emmanuel Macron n’aurait pas dû concéder la Légion d’honneur à un chef d’État qui s’est objectivement rendu complice d’atroces criminels. Je le dis pour la mémoire du pauvre Giulio Regeni, mais aussi pour la France, pour l’importance que cette distinction représente encore, deux siècles après avoir été instaurée », précise M. Augias, décoré en 2007.
Après la décoration de Sissi par Macron, l’intellectuel italien Corrado Augias rend son propre insigne. « Je ne partage pas cet honneur avec un chef d’État qui s’est fait objectivement complice de criminels. » https://t.co/6SGIY2mOhu
— Ellen Salvi (@ellensalvi) December 13, 2020
Le président Macron a remis le lundi 7 décembre, la grand-croix de la Légion d’honneur au président Sissi, en visite officielle en France, une distinction qui a suscité des réactions outrées sur les réseaux sociaux en raison de la répression des droits humains exercée en Égypte.
« Un geste aussi bien grave que purement symbolique »
« Demain, lundi 14 décembre, j’irai à l’ambassade de France pour restituer la Légion d’honneur. Un geste aussi bien grave que purement symbolique, je dirais sentimental. Je sens que je le dois en raison du profond lien émotionnel et affectif que j’ai avec la France », terre d’origine de son père, écrit M. Augias.
En janvier 2016, Giulio Regeni âgé de 28 ans, un étudiant italien, avait été enlevé par des inconnus et son corps retrouvé torturé et atrocement mutilé quelques jours plus tard dans la banlieue du Caire.
L’affaire empoisonne les relations entre Le Caire et Rome, l’Italie accusant régulièrement les autorités égyptiennes de ne pas coopérer, voire d’orienter les enquêteurs italiens sur de fausses pistes. Exaspérée, l’Italie avait même rappelé temporairement son ambassadeur. Désormais, elle s’apprête à juger quatre officiers égyptiens, dont un général.
M. Augias, 85 ans, a également conduit des programmes télévisés dans le domaine de la culture et a été député au Parlement européen de 1994 à 1999.
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